Noir c’est noir…
On nous renvoie parfois que les films ne sont pas gais et que le cinéma reflète trop souvent la douleur du monde. Les comédies, les films où l’on respire la joie à pleins poumons ne sont pas légion et on peut préférer aux films graves la fantaisie et la légèreté (si l’on peut dire) de films comme
JOYEUSES FUNERAILLES ou
DEUX VIES PLUS UNE.
Si l’on met de côté le fait que les films sont le reflet d’une époque qui n’incite pas à l’optimisme (voir la programmation du Mois du Doc), on peut aussi considérer cette noirceur comme le désir des cinéastes d’aller voir sous les apparences, pour regarder ce qui n’est pas toujours glorieux ou reluisant. On pense à l’odyssée très sombre de
DARLING, à la fable pessimiste de Peter Brook
SA MAJESTE DES MOUCHES ou encore à la noirceur étincelante des
PROMESSES DE L’OMBRE que nous adresse Cronenberg. La noirceur est repoussante si elle est complaisante ou cynique. Elle devient intéressante si elle ouvre d’autres horizons, comme dans
DE L’AUTRE COTE de Fatih Akin, qui a troqué les sentiments exacerbés de
HEAD ON pour filmer de façon plus apaisée le dialogue douloureux entre l’Allemagne et la Turquie, « deux pays liés par les larmes de l’exil et le sang des cercueils » selon la formule d’
Olivier Séguret. Il fait palpiter la vie chez ses personnages traversés par la maladie, la mort et l’amour et laisse percer l’espoir. Comme le secret rayon de soleil qui illumine le film de
Lee Chang-Dong ou
LA FORET DE MOGARI, les revers que subissent ces personnages mettent en lumière la beauté et la force des relations humaines. C’est aussi au cours d’une balade en forêt que les personnages de
OLD JOY feront le deuil de leur jeunesse insouciante. Enfin, il y a la manière poétique, corrosive et burlesque avec laquelle Roy Andersson nous donne à voir la condition humaine dans
NOUS LES VIVANTS.
Pour vous consoler, vous pourrez vous régaler avec le dernière comédie de
Woody Allen, grand pessimiste devant l’éternel, dont je ne résiste pas à citer cet aphorisme : « En résumé, j’aimerais avoir un message un peu positif à vous transmettre, je n’en ai pas. Est-ce que deux messages négatifs, ça vous irait ? ».
Sylvie Larroque